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"Prendre un chien, c'est se saisir d'un être de passage, s'engager pour une vie ample, certainement  heureuse, irrémédiablement triste, économe en rien. L'issue de cette union ne fait aucun mystère , s'abandonner à la refuser ou n'entreprendre que de l'envisager, dans les deux cas, la tristesse rôde, rudoie et c'est une drôle de danse, roulis de chaque jour, pour que la joie prenne le pas, relègue cette évidence et l'étouffe. La biologie, science de la vie dit-on, s'entiche peu des idylles croisées. Si votre amour de parent se porte sur un enfant de votre espèce, l'usage du temps fait qu'il vous survivra et vous n'aurez pas à ravager votre existence que la sienne s'achève. Lorsque votre amour se déporte sur un vivant d'une autre catégorie et à la durée de vie moyenne, en toute implacable logique pointera cette date où le nouveau-né rattrapera votre âge, l'excédera et mourra. C'est d'un illogisme absolu, ultime paradoxe et pas des plus aimables : la mort d'un chien est contre nature.

C'est à savoir, ce bonheur a ses dates de péremption, vous aurez beau vous employer chaque jour au ralentissement de sa vie ou à l'accélération de la vôtre, c'est ainsi, on ne négocie pas avec la chronobiologie, les chiens fanent. [...]

Surfiler son existence de la présence d'un chien, c'est entendre que le bonheur façonne la tristesse, c'est mesurer comme le manque est mal soluble dans les mémoires aussi vastes et heureuses soient elles, c'est accepter que chaque minute volatile soit vécue sept fois plus intensément qu'à l'habitude, c'est se cogner à ce séduisant et vertigineux projet de ne saboter aucun instant et de célébrer la vie de manière forcenée. Pour cette réalité et le cran requis à son acceptation, je porte à tout être adoptant un chien de façon loyale une admiration immédiate et définitive."

Cédric SAPIN-DEFOUR

- Son odeur après la pluie 

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